Page:Arène - Les Ogresses - Tremblement de terre à Lesbos - Ennemie héréditaire.djvu/157

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les toutes petites courtisanes, en train d’essayer leurs ailes, ne manquaient pas.

Certain soir, grave événement ! une nouvelle nous fut signalée. Des cheveux très noirs et, se trahissant sous la poudre de riz, un teint d’ambre ; sur une taille souple et mince que ne raidissait pas le corset, un buste copieux de brune grassouillette de plus, dans toute sa physionomie, cette expression de candeur particulièrement piquante chez les jeunes personnes qui ne professent pas la vertu.

On l’avait vu sur les Allées (tout port de mer qui se respecte a ses allées) à l’heure de la musique. On l’avait vue au Grand-Théâtre, qui joue l’opéra, ainsi qu’au théâtre d’opérettes aux divers cafés-concerts ; au palais des Diamants, établissement somptueux qui remplace là-bas l’Éden et les Folies-Bergère ; au restaurant de nuit, décoré du nom de Maison d’Or… partout enfin depuis trois jours.

Mais, ce qui parut tout à fait distingué, ce qui du premier coup la classa hors du pair en dehors et au-dessus de ses rivales, c’est que, avec une insolence alors hardie, elle ne se montrait en public qu’accompagnée, comme font les dames pour de bon, d’une suivante d’à peu près son âge et qui lui ressemblait curieusement, bien que coiffée d’un simple foulard et n’ayant jamais frotté du moindre fard ses joues aux couleurs paysannes.