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ET SUR DIVERS CONTEURS ITALIENS.

de ses lettres, et dont la mort lui causales plus vifs regrets[1].

Le libelle, dont nous offrons une idée très adoucie, se termine en disant : « L’Aretino non hà can ne gatta che lo vogli vedere… Egli sara messo sù le forche ai corvi, overo finarà all’hospedale la sua vita… »

Entre autres détails sur la vie privée de l’Arétin, le biographe signale son attachement pour la Zaffetta, la maggior puttana che sia, et qui est l’héroïne d’un petit poëme très-rare, composé par Lorenzo Veniero[2]. Il raconte aussi qu’il fit imprimer un de ses écrits licencieux sans paraître y prendre aucune part, et

  1. « Tutte le tenerezze dell’amor perfetto che quattro padri tenerissimi portano a loro figliuoli non arriverebbe alla minor parte del bene ch’io voglio a si viva ed a si leggiadra fanciulla, la bontà della quale tiene chiusa la bellezza sua nella rocca dell’onesto con un modo si accorto e si piacevole che mi fa lagrimar di piacere pur a pensarei. » — Un an après la mort de cette femme, en 1546, Pietro écrivait : « La morte non mi puo tir dal core Perina. »
  2. Dans cet opuscule très-libre, dont on connaît deux éditions anciennes et dont il vient d’être fait à Paris une réimpression fort soignée tirée a cent exemplaires, se trouve le récit de la vengeance qu’exerça un amant irrité des dédains de cette belle. Il la conduisit à Chioggia, sous prétexte d’une partie de plaisir, et là il la livra a la brutalité d’une bande de garnements. Cela s’appelait dare il trent’uno, nombre qui, dans la circonstance, s’il faut en croire le poëte, fut bien plus que doublé. Nous avons retrouvé dans une des historiettes de Tallemant des Réaux l’expression de passer par les piques, expression qui équivalait alors en France, a ce qu’il paraît, au trent’uno de l’Italie. Dans un des Proverbii in facetie de Cornazano, il est aussi question d’une donzelle qui avait été trent’unata dans tout le pays.