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ET SUR DIVERS CONTEURS ITALIENS.

d’un manuscrit anonyme conservé à Venise dans la bibliothèque de Saint-Michel de Murano. L’une d’elles (qui ne nous semble pas d’ailleurs offrir assez de mérite pour que nous la traduisions) nous a frappé parce qu’elle raconte une malice du sexe (comme dit Boileau) qui paraît avoir passé dans le domaine de la réalité. Voici l’argomento de cette Nouvelle : « La mogliera di un cameriere del duca di Alanzone, non essendo il marito in casa, che era cieco di un’ occhio, fa venir il suo innamorato ; il marito torna per coglierlo : ed ella, abbraciandolo, gli chiude l’occhio buono. Intanto l’amico esce di casa senza alcuna offesa per l’astuzia della donna. » S’il faut en croire la duchesse d’Orléans, mère du régent, Henriette d’Angleterre eut recours à un moyen semblable pour faire évader le comte de Guiche, avec lequel elle se trouvait lorsque Monsieur arriva sans être attendu. (Voir la Correspondance de Madame, duchesse d’Orléans, publiée par G. Brunet. Paris, Charpentier, 1855, t. II, p. 6.) du reste, les récits relatant un tour de ce genre sont dans une foule de conteurs ; leur source est orientale, et ils ont passé dans Bandello, dans Malespini, dans les Cent Nouvelles, dans l’Heptaméron, etc. (Voir Loiseleur Deslongchamps, Fables indiennes, 1838, p. 76.) Ajoutons que, dans un volume imprimé en 1797 (Contes en vers et quelques pièces fugitives), attribué à un écrivain peu connu (l’abbé Bretin), on trouve, p. 106, un conte intitulé Le Borgne, tout à fait semblable à la Novella italienne. Un borgne, nommé Damon, a une