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ÉTUDE SUR P. ARÉTIN

Antonio ressemble fort à la conduite de Sancho pendant l’attaque de Barataria. La nouvelle 140 raconte comment trois aveugles furent trompés par un étranger qui leur donna un sou en leur disant que c’était un écu. Ce récit est dérivé du fabliau des Trois aveugles de Compiègne, lequel est lui-même emprunté aux Mille et Une Nuits.

Le Pecorone du florentin Giovanni fut composé en 1378. On y trouve en germe des scènes d’une des pièces de Shakspeare (Les Commères de Windsor), et le premier conte de la quatrième journée reproduit cet engagement de donner en payement une livre de chair, qui figure dans un autre drame du grand écrivain anglais (Le Marchand de Venise), et qui dérive d’un sonnet oriental. Plusieurs des contes du Pecorone sont curieux à cause de l’ignorance qui s’y étale au sujet de l’histoire.

Masuccio a plus d’originalité que ses devanciers ; mais sa manière d’écrire est lourde et plate. Brevio, Parabosco, Cademosto, ne méritent guère qu’on s’y arrête. Giraldi a plus de hardiesse dans l’imagination ; il règne chez lui une sorte d’horreur tragique qui excite vivement l’attention, lors même qu’elle blesse les sentiments. Il a voulu étaler des crimes de tous genres ; chaque pays, chaque époque, a été l’objet de ses recherches, afin de lui fournir des récits dans lesquels il pourrait raconter les détails les plus pénibles. Toutefois, on se lasse bien vite de narrations de ce genre, et les