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SUR LE JEU ET LES JOUEURS.

DEUXIÈME NOUVELLE.


Bighino Trotti, croyant que sa maîtresse l’avait volé pendant qu’il dormait, la frappe à grands coups de poing, et il se trouve ensuite obligé de l’apaiser en lui faisant des cadeaux, l’erreur étant découverte.


Je me souviens d’un différend, accompagné de coups de poing, qui s’éleva une fois entre notre ami Bighino Trotti et une certaine nymphe qui lui tenait compagnie. Ce brave homme avait gagné un écu au jeu de la trappola à notre ami Alfonzo Corzaro. Il quitta le jeu sa bourse dans sa main, et, croyant y mettre la pièce dont il venait d’être mis en possession, il la laissa tomber par terre ; il referma ensuite la bourse et alla se coucher avec sa belle. Le matin étant venu, il se lève, et en ouvrant sa bourse il n’y trouve pas ce qu’il croyait y avoir mis. Il pousse alors des cris jusqu’au ciel, disant : « Quand je me suis levé cette nuit pour pisser, cette coquine a pris la bourse de dessous l’oreiller et m’a volé, » et tout en criant il fait bien vite cesser le sommeil de la pauvre créature en lui lançant un coup de poing capable de l’assommer. Fort étonnée, elle dit : « Pourquoi me traiter ainsi ? — Parce que tu le mérites bien, triple coquine, » réplique Trotti, et il lui envoie un second coup en frémissant de colère. Un ami