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Gay-Lussac a été un des élèves les plus distingués de l’École polytechnique, comme il en fut plus tard un des professeurs les plus illustres et les plus goûtés.


DÉBUTS DE GAY-LUSSAC EN CHIMIE. — IL DEVIENT LE COLLABORATEUR DE BERTHOLLET ET LE RÉPÉTITEUR DU COURS DE FOURCROY. — VOYAGE AÉRONAUTIQUE EXÉCUTÉ AVEC M. BIOT.


Berthollet, revenu d’Égypte en compagnie du général Bonaparte, demanda, en 1800, un élève de l’École polytechnique dont il voulait faire son aide dans les travaux du laboratoire. Gay-Lussac fut cet élève privilégié. Berthollet lui suggéra une recherche dont les résultats furent diamétralement opposés à ceux qu’attendait l’illustre chimiste. Je n’oserais affirmer que Berthollet ne fut pas un peu contrarié de se voir ainsi trompé dans ses prévisions, mais il est certain qu’à l’inverse de tant d’autres savants que je pourrais citer, après un premier mouvement d’humeur, la franchise du jeune expérimentateur ne fit qu’augmenter l’estime que l’immortel auteur de la Statique chimique avait déjà commencé à lui vouer. « Jeune homme, lui dit-il, votre destinée est de faire des découvertes, vous serez désormais mon commensal ; je veux, c’est un titre dont je suis certain que j’aurai à me glorifier un jour, je veux être votre père en matière de science. »

Quelque temps après, sans abandonner sa position auprès de M. Berthollet, Gay-Lussac fut nommé répétiteur du cours de Fourcroy, et le remplaça souvent, ce qui lui procura de bonne heure la réputation, qui n’a fait ensuite que grandir, d’un professeur très-distingué parmi les professeurs si habiles que la capitale comptait à cette époque.