Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/194

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TYCHO-BRAHÉ


Tycho-Brahé, que tous les astronomes ses successeurs ont considéré justement comme le plus exact des observateurs dont les travaux précédèrent l’invention des lunettes, naquit le 13 décembre 1546 dans la terre de Knudstorp, en Scanie, province alors soumise au Danemark ; sa famille appartenait à la plus ancienne noblesse du royaume.

Le père de Brahé[1], suivant les ridicules idées de cette époque, refusait même de lui faire enseigner le latin. C’est par les soins d’un oncle maternel et à l’insu de sa famille que le jeune homme fut placé dans une école où son intelligence commença à se développer.

Une éclipse de Soleil, celle de 1560, dont les principales phases s’accordèrent presque exactement avec les annonces contenues dans les éphémérides, excita au plus haut degré son enthousiasme et contribua à décider sa vocation.

À quatorze ans on l’envoya à Leipzig pour y recevoir la très-légère instruction qui, dans ces temps reculés, semblait rendre tout membre de la noblesse propre aux emplois publics. Là, à l’insu de son gouverneur, il se livra à l’étude des mathématiques et de l’astronomie. Il consacrait à l’achat de livres et d’instruments tout l’argent qu’on lui donnait pour ses plaisirs.

De retour à Copenhague, en 1565, Brahé fut regardé par les hommes de sa caste comme un extravagant. Des

  1. Tycho, ainsi que le rapporte Gassendi, était le prénom.