Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/214

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une accusation d’hérésie qu’il ne parvint à repousser qu’avec beaucoup de peine.

En 1615, une lettre de la sœur de Kepler vint implorer l’appui de ce grand homme, en faveur de sa mère accusée de sorcellerie. Le procès dura plus de cinq ans. Après avoir inutilement demandé par écrit l’intervention du duc de Wurtemberg pour faire cesser cette persécution inouïe, Kepler se rendit à cheval, en 1630 de Linz à Stuttgard, afin d’essayer l’effet de ses sollicitations personnelles. Là, il apprit que sa mère, alors âgée de soixante-quinze ans, était accusée d’avoir été élevée et instruite dans l’art magique, par une tante brûlée à Weil comme sorcière ; d’avoir ensorcelé plusieurs personnes ; d’avoir de fréquents entretiens avec le diable ; de ne pas savoir verser de larmes ; de faire périr les cochons du voisinage sur lesquels elle faisait des promenades nocturnes ; enfin, de ne jamais regarder en face les personnes auxquelles elle parlait, ce qui, disait-on, était une habitude chez les sorcières.

On lui reprochait encore d’avoir engagé le fossoyeur à lui fournir le crâne de son mari, dont elle voulait, après qu’il aurait été garni d’un cercle d’argent en forme de gobelet, faire cadeau à l’astronome Kepler. Celui-ci ne parvint, malgré sa haute renommée, qu’à faire modifier la sentence qui devait frapper sa mère. Les juges décidèrent que le bourreau terrifierait la vieille femme, en lui présentant pièce par pièce les instruments de la torture ; il devait en même temps lui expliquer leur mode d’action et l’accroissement progressif des douleurs.

Cette épouvantable explication eut lieu : la vieille