Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/217

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selon que ces rayons de lumière sont configurés à la naissance de l’enfant, l’enfant reçoit la vie dans telle ou telle forme. Si la configuration des rayons de lumière est harmonieuse, il se développe une belle forme de l’âme, et cette âme se construit une belle demeure. Cependant les forts naissent toujours des forts, les bons naissent des bons[1]. »

Je supprime, comme étant encore plus inintelligible, ce que dit fauteur de l’influence des astres sur l’âme du monde pour arriver à l’aveu naïf qu’on va lire :

« Les philosophes, tout en se vantant de leur sagesse, devraient ne pas blâmer avec tant d’amertume la fille de l’astronomie ; c’est cette fille qui nourrit sa mère. Combien, en effet, serait petit le nombre des savants qui se dévoueraient à l’astronomie, si les hommes n’avaient pas espéré lire les événements futurs dans le ciel ! »

À l’occasion du procès intenté à sa mère, Kepler écrivit un grand nombre de lettres, dans lesquelles il parle de la sorcellerie comme d’un phénomène dont l’existence ne saurait être niée. On est peiné de lire de pareilles opinions dans des écrits sortis de la plume de Kepler ; mais qui oserait assurer que ces déclarations ne lui furent point dictées par le désir de ne pas indisposer les juges qui devaient prononcer définitivement sur le sort de sa mère ? Un peu de diplomatie serait bien excusable dans un fils plaidant pour sa mère menacée du bûcher.

Kepler avait eu le projet, pour populariser le système

  1. Le seul des enfants de Kepler qui lui ait survécu était docteur en médecine à Kœnigsberg. Il publia un ouvrage posthume Intitulé : Rêve de Jean Kepler sur l’astronomie lunaire.