Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/219

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semblent présenter, l’Épitome de l’astronomie copernicienne fut prohibé en Italie et dans la Toscane par la congrégation de l’Index. C’êtait à l’époque même où Galilée se débattait vivement contre lm Inquisiteurs. La nouvelle de la condamnation de son livre jeta Kepler dans une grande perplexité. « Dois-je en conclure, écrivait-il à Remus son correspondant, que si j’allais en Italie on pourrait se saisir de ma personne ? »

Toujours préoccupé des besoins matériels de sa famille, il craignait que la vente des exemplaires de son livre laissés en dépôt chez les libraires autrichiens, ne fût défendue.

« Faut-il, ajoutait Kepler, que je regarde la condamnation de mon livre comme une invitation indirecte de cesser de professer cette astronomie avec les principes de laquelle j’ai vieilli sans rencontrer jusqu’ici de contradicteurs ? Je quitterai plutôt l’Autriche que de consentir à laisser indûment resserrer les limites de la liberté philosophique. »

Les malheurs de Kepler dépendirent en grande partie des circonstances cruelles au milieu desquelles sa vie s’écoula et aussi de la vivacité de son imagination. Cette imagination, certainement incandescente, fut pour lui quelquefois une source de jouissances d’amour-propre ; témoin ce qu’il raconte dans une de ses lettres des embûches que lui tendirent onze demoiselles, toutes amoureuses de sa personne, et qui voulaient l’épouser ; témoin ces paroles prophétiques qu’il prononça après avoir découvert la troisième loi qui porte son nom :

« Le sort en est jeté ; j’écris mon livre. On le tira dans l’âge présent ou dans la postérité, que m’importe ? il