Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/263

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n’est pas avéré, c’eût été de la part de l’illustre condamné une trop grande imprudence pour qu’on doive supposer que ces paroles sortirent de sa bouche.

Telle est, en abrégé, l’histoire de l’odieux procès qui marquera d’un stigmate indélébile le tribunal au nom duquel la sentence fut rendue, et les Juges qui y apposèrent leurs noms[1].

Conçoit-on rien de plus dégradant que l’obligation dans laquelle on plaça l’immortel vieillard de se parjurer et de déclarer avec les formes les plus respectables qu’on put trouver, qu’il tenait pour fausse une doctrine dont ses profondes études lui avaient démontré la vérité. Il n’est pas de torture physique plus cruelle que la torture morale qui fut infligée a Galilée ; pas une âme honnête ne me démentira. Le souvenir de ces procédés barbares laisse à peine assez de liberté d’esprit pour examiner si le grand philosophe n’eut pas quelques reproches à se faire pendant les phases diverses de ce déplorable procès. Quoi qu’il m’en coûte, j’examinerai de quelle manière il se défendit.


Pour expliquer comment, dans son Dialogue, les arguments en faveur du mouvement de la Terre sont présentés avec plus de force que leurs réfutations, il dit « qu’il a cédé à l’envie que chacun a de se montrer plus fin que le commun des hommes, en trouvant pour les propositions fausses, d’ingénieux et de spécieux discours de probabilité.

«Pour plus grande preuve que je n’ai point tenu et ne

  1. . Voici les noms des cardinaux qui ont signé la sentence : d’Ascoli, Bentivoglio, de Cremone, Saint-Onufre, Gypsius, de Varospi, Ginetti.