Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/308

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formé en Hollande, et s’arrangea pour être à Rome au temps du Jubilé.

Après avoir visité une partie de l’Italie, Descartes retourna en France en passant par la capitale de la Toscane. On pourrait être étonné que lui, qui s’était montré si actif à la recherche des Rose-Croix, n’eût fait aucune démarche pour être présenté à Galilée, si nous ne savions que, par une aberration inexplicable, Descartes témoignait une grande indifférence pour les travaux et les admirables découvertes du philosophe italien ; qu’il disait ne rien voir dans les écrits de Galilée qui lui fit envie et presque rien qu’il voulût avouer digne d’examen.

Descartes étudia la médecine ; il disait avoir fait assez de progrès dans cette science pour être assuré de vivre cent ans. L’abbé Picot, qui était venu se joindre à lui, renchérissant sur les espérances de son maître, n’hésitait pas à se promettre une vie de quatre à cinq cents ans.

En choisissant la Hollande pour lieu de sa résidence habituelle, Descartes avait espéré y trouver l’indépendance et la liberté, mais il fut grandement trompé dans son attente. Quelques théologiens de l’église réformée, et au premier rang Voet, professeur de théologie à l’Université d’Utrecht, suscitèrent à Descartes d’odieuses persécutions. Ils allèrent même jusqu’à diriger contre notre savant compatriote une accusation d’athéisme. Voet prit si bien ses mesures, qu’il avait obtenu des tribunaux d’Utrecht des condamnations infamantes auxquelles Descartes n’échappa qu’en invoquant, par l’entremise de l’ambassadeur de France, les immunités attachées à sa qualité d’étranger.