Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/343

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connaissance que j’avais de ses habitudes, j’aurais dû craindre qu’il ne me tuât. »

Voici un passage emprunté aux Mémoires de Flamsteed, et qui tendrait à confirmer, jusqu’à un certain point, le jugement porté par Whiston sur le caractère de son prédécesseur à Cambridge : « Newton m’a toujours paru insidieux, ambitieux, excessivement avide de louanges, et supportant impatiemment la contradiction. » (Vie de Flamsteed(, page 73.)

Newton, a-t-on dit, était socinien, on peut assurer avec plus de certitude que dans son esprit une profonde piété s’alliait à une grande tolérance. Lorsque Halley, fort coutumier du fait, se permettait devant lui quelques plaisanteries sur la religion, il l’arrêtait tout court par cette remarque J’ai étudié ces choses-là, et vous ne l’avez point fait. » Ils n’en restaient pas moins bons amis après cela.

J’ai appris de lord Brougham, que pendant la guerre des Cévennes, Newton s’était préparé à aller combattre dans les rangs de Camisards les dragons du maréchal de Villars, et qu’une circonstance fortuite l’empêcha seule de donner suite à ce dessein. Comment le timide Newton se fût-il conduit sur le champ de bataille, lui qui, de crainte de tomber, ne se promenait en voiture dans les rues de Londres que les bras étendus et les mains cramponnées aux deux portières. On concevra d’après ce seul fait que la question puisse être soulevée et devenir le sujet d’un doute.

Cette biographie semblerait incomplète si je ne parlais pas de la modestie de Newton. J’avoue qu’à cet égard