Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/379

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Nous ne dirons rien ici de ses recherches empiriques sur les satellites de Jupiter, ni même de ses travaux sur les réfractions atmosphériques, qui, malgré tout l’intérêt qui s’y rattache, pâlissent à côté des deux grandes découvertes de l’aberration et de la nutation. Bradley consacra les vingt-deux années pendant lesquelles il fut à la tête de l’Observatoire de Greenwich, à l’amélioration, nous dirions presque à la refonte entière de cet établissement.

Après la mort de Bradley, ses héritiers ayant considéré le recueil manuscrit des observations faites dans l’Observatoire royal comme leur propriété, s’en emparèrent. La Commission royale des longitudes leur intenta un procès; mais afin de ne pas avoir le dessous dans la lutte judiciaire qu’ils avaient provoquée, les héritiers se décidèrent à faire présent des manuscrits, objets du litige, à l’Université d’Oxford. La publication de ces observations éprouva bien des retards : elles ne virent le jour qu’en 1798. Bessel les a discutées dans ses Fundamenta astronomiœ.

Un trait suffira pour donner une idée du caractère de Bradley. On raconte que la reine d’Angleterre ayant été un jour à Greenwich, apprit combien la place de directeur était peu rétribuée, et manifesta l’intention de faire attacher à ses fonctions un traitement plus convenable : « Madame, lui dit Bradley, ne donnez pas suite à votre projet: le jour où la place de directeur vaudrait quelque chose, ce ne seraient plus les astronomes qui l’obtiendraient, »

Bradley fut nommé associé de l’Académie des sciences de Paris en 1748, et membre de la Société royale de