Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/411

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Herschel explique d’une manière fort naturelle. la rareté des circonstances où il est possible de faire utilement usage d’un télescope de trente-neuf pieds à très large ouverture.

Un télescope ne grossit pas seulement les objets réels, il grossit aussi les irrégularités apparentes provenant des réfractions atmosphériques : or, toutes choses égales, ces irrégularités de réfraction doivent être d’autant plus fortes, d’autant plus fréquentes, que la couche d’air à travers laquelle les rayons ont passé pour aller former l’image a plus de largeur.

Les astronomes éprouvèrent une surprise extrême, lorsqu’en 1782, il apprirent qu’Herschel avait appliqué à un télescope à réflexion, de sept pieds anglais de longueur des grossissements linéaires de mille, de mille deux cents, de deux mille deux cents, de deux mille six cents et même de six mille fois. Ce sentiment, la Société royale de Londres l’éprouva, et Herschel reçut officiellement l’invitation de donner de la publicité aux moyens dont il avait fait usage pour reconnaître dans ses télescopes l’existence de pareils grossissements. Tel fut l’objet d’un Mémoire inséré dans le lxxiie tome dos Transactions philosophiques, et qui dissipa tous les doutes. Personne ne s’étonnera qu’on ne voulût pas croire légèrement à des grossissements qui semblaient devoir montrer les montagnes de la Lune, comme la chaîne du mont Blanc se voit de Mâcon, de Lyon et même de Genève. On ignorait qu’Herschel ne s’était guère servi avec succès des grossissements de trois mille et de six mille fois, qu’en observant de brillantes étoiles ; on n’avait pas songé que