Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/456

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de navigation dans ce petit port de mer, avait eu, à peine âgé de treize ans, le bras gauche emporté par un boulet de canon, dans un des glorieux combats qui illustrèrent le bailli de Suffren. Le jeune Adolphe n’en fut pas moins destiné au service de la marine. La Restauration le trouva, en 1814, sur l’escadre d’Anvers. Après le licenciement des équipages de vaisseaux, Gambart rejoignit son père au Havre. C’est là que, dans son zèle ardent pour l’avancement des sciences, Bouvard sut deviner ce qu’elles étaient en droit d’attendre d’une intelligence d’enfant peu commune, mais qu’aucune culture n’avait encore développée. Dès ce moment, notre confrère traita le jeune Gambart comme son propre fils ; il l’appela à Paris, lui donna la table, le logement, et, ce qui était d’un prix inestimable, il l’initia, jour et nuit, aux calculs et aux observations astronomiques. Au bout de deux ans, Gambart était déjà un astronome consommé. En 1819, le Bureau des longitudes l’envoya à l’Observatoire de Marseille, avec le titre d’astronome-adjoint. Quatre ans après, il fut nommé directeur du même établissement.

L’Observatoire de Marseille était à l’origine (1802) une dépendance du collége Sainte-Croix des Jésuites. En 1763, à la suppression de cet ordre religieux, il prit le nom d’Observatoire royal de la Marine. Maintenant il est sous la direction du Bureau des longitudes.

Jusqu’à l’année 1821, cet établissement ne renfermait guère que des instruments médiocres : mais, plein de confiance dans le zèle et le savoir de Gambart, le Bureau des longitudes avait ajouté à l’ancienne collection une lunette méridienne de Gambey, un cercle répétiteur