Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/510

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un certain temps s’écoulerait avant que l’action attractive du nouvel astre se fit sentir sur notre globe.

Plusieurs géomètres du dernier siècle croyaient que l’attraction ne se transmettait pas instantanément d’un corps à l’autre ; ils l’avaient même douée d’une vitesse de propagation assez faible. Daniel Bernoulli, par exemple, voulant expliquer comment la plus grande marée arrive sur nos côtes un jour et demi après les syzygies, c’est-à-dire un jour et demi après les époques où le Soleil et la Lune se sont trouvés le plus favorablement situés pour la production de ce magnifique phénomène, admit que l’action lunaire employait tout ce temps (un jour et demi) à se transmettre de la Lune à la mer. Une si faible vitesse ne pourrait pas se concilier avec l’explication mécanique de la pesanteur dont nous avons parlé. L’explication suppose en effet impérieusement, que la vitesse propre des corps célestes est insensible comparativement à celle du fluide gravifique.

Avant d’avoir trouvé que la diminution actuelle d’excentricité de l’orbite terrestre est la cause réelle de l’accélération observée dans le mouvement de la Lune, Laplace, de son côté, avait cherché si cette accélération mystérieuse ne dépendrait pas de la propagation successive de l’attraction.

Le calcul, un moment, rendit la supposition plausible. Il montra que la propagation graduelle de l’attraction introduirait inévitablement dans le mouvement de notre satellite une perturbation proportionnelle au carré du temps écoulé à partir de toute époque ; que pour représenter numériquement les résultats des observations astro-