Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/556

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la question aujourd’hui tant débattue de l’influence clintatologique du déboisement ; dans ce long intervalle, en effet, la manie des défrichements n’a pas été moins vive dans les colonies qu’en Europe.

Lislet- Geoffroy est mort le 8 février 1836, à l’âge de près de quatre-vingt-un ans, avec le titre d’ingénieur hydrographe de Maurice. Sous la domination française, il avait été promu pendant la guerre au grade de capitaine du génie.

Nous croyons qu’on ne lira pas sans intérêt des détails que le savant mulâtre donne lui-même sur sa vie dans une lettre à M. de Zach, que m’a communiquée M. Wartmann de Genève :

« Je suis né à l’île de Bourbon, le 23 août 1755, de Niama, négresse de Guinée. Elle était petite-fille de Tonca Niama, roi de Galam, qui fut pris dans une guerre et massacré avec tous les mâles de sa famille, selon un usage assez fréquent dans ces contrées.

Ma mère, alors âgée d’environ neuf ans, fut réduite en esclavage et vendue aux agents de la compagnie, qui l’envoyèrent à l’île de France vers 1730, M. Geoffroy l’obtint de M. David, gouverneur de cette colonie, pour lui rendre la liberté. Elle le suivit à Bourbon, où elle l’entoura de soins durant sa vieillesse.

« M. Geoffroy voulut prendre soin de mon enfance et m’élever lui-même ; il me donna les premiers principes de dessin et de mathématiques : il voulut aussi m’apprendre le latin, étude dans laquelle je fis peu de progrès. Comme je n’avais point de fortune, il me fit entrer au service dès ma quinzième année, et peu après je pas-