Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/594

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de Venise l’activité, la splendeur qu’il avait sous les anciens doges, Prony est chargé de préparer le travail par des recherches délicates sur l’envahissement de l’Adriatique et des lagunes.

Les événements politiques se pressent : ils semblent appeler à de grandes destinées Gênes, Ancône, Pola, le Spezzia ? Cependant, tant que Prony n’aura.pas visité cos ports, on n’y remuera ni une pelletée de terre, ni un moellon.

Le roi d’Italie songe-t-il, enfin, à mettre un terme à l’exhaussement graduel et très-rapide du Pô ; veut-il empêcher que ce fleuve, déjà parvenu à la hauteur du premier étage des maisons de Ferrare, ne domine bientôt le faîte des églises, ne menace sans cesse tout le pays d’un terrible cataclysme ? Ce grand problème, personne ne songera à l’attaquer, avant que Prony passant une nouvelle fois les Alpes, ait été en recueillir, en discuter, en apprécier tous les éléments.

Cette confiance éclatante était une conquête du mérite sur-le dépit et la prévention, car Prony, retenu à Paris par des liens sacrés, refusa, en 1798, de s’associer à l’aventureuse expédition d’Égypte, et l’empereur avait hérité des rancunes du général en chef. Mais, aussi, n’était-ce point Prony à qui Perronnet prophétisait dès 1779 « qu’il serait un jour le chef de l’École des Ponts et Chaussées » ; n’était-ce point Prony qui, peu de temps après, appuyé sur une savante théorie, se déclarait publiquement l’adversaire des ennemis nombreux, puissants de son protecteur, et opposait à leurs sinistres prédictions, l’assurance solennelle si bien justifiée par l’événement, que le