Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/608

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rence de flatterie : « Le 7 juin 1843, Bouvard cessa de calculer et de vivre. »

Déjà, Messieurs, il a été dans ma destinée d’accompagner jusqu’à ces champs de repos les restes inanimés de plus de cent membres de l’Académie des sciences. Au milieu de ces tristes devoirs, j’ai constamment recueilli avec scrupule les indices qui me mettaient sur la voie des dernières pensées, des dernières impressions de nos confrères. Je ne renoncerai pas aujourd’hui à cette vieille habitude, et je dirai : si une conduite sans reproche, si une vie utilement employée peuvent jeter quelque adoucissement sur le moment solennel qui nous sépare d’une famille chérie, d’amis dévoués, la fin de Bouvard a été calme et sereine. Aucun soupçon n’effleura jamais le caractère moral du savant astronome. Le cabinet de son appartement où il a expiré ne pouvait manquer d’éveiller en lui les plus flatteurs souvenirs : c’est le lieu même où, plusieurs fois la semaine, Laplace allait coordonner ses savantes formules avec les résultats numériques de l’infatigable calculateur. Le dernier regard de notre confrère a dû se porter sur un casier spécial où se trouvaient à part, dans la situation la plus apparente, l’Exposition du Système du monde, les cinq volumes de la Mécanique céleste à la publication desquels il avait concouru.

Je ne sais si, dans sa profonde modestie, notre confrère a jamais songé à un souvenir de la postérité ; en tout cas, cette espérance ne sera point déçue : le nom de Bouvard a été inscrit par la reconnaissance et par l’amitié dans deux ouvrages immortels. Il était glorieux, Mes-