Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/615

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lunettes, dam la fabrication des verres propres à l’optique, etc.

Ah ! combien de sciences, Messieurs, ont été rudement, cruellement frappées, par le coup inattendu qui nous a enlevé Gambey dans la force de l’Age et du talent !

Quoique je ne puisse tracer ici qu’une esquisse rapide et improvisée, je serais sans excuse, si je n’appelais votre attention sur un des plus beaux côtés de la noble figure de notre confrère, si je ne consacrais quelques paroles de sympathie à l’homme moral.

Gambey fut toute sa vie un modèle de droiture et de désintéressement. S’il est mort sans fortune, n’en cherchez pas d’autre cause. Gambey sera toujours cité, par ceux qui l’ont connu personnellement, comme le fils le plus dévoué, l’époux le plus aimant, le père le plus tendre. Les larmes amères de sa femme, de sa fille, témoignent bien éloquemment, aujourd’hui, du bonheur qu’il savait répandre autour de lui. Et vous, ses concitoyens du sixième arrondissement de Paris, vous qui l’avez comblé de tant de précieuses marques d’estime, dites si, malgré une apparente froideur, vous rencontrâtes jamais un cœur plus sincèrement, plus vivement dévoué à son pays ; dites si Gambey n’était pas remué jusque dans les entrailles, lorsque la France lui paraissait manquer à la noble mission que le sort lui a dévolue, lorsqu’elle semblait renoncer à préparer, à diriger, à assurer l’émancipation du monde.

La perte cruelle qui nous réunit ici, Messieurs, ne sera pas de longtemps réparée. L’homme dont les restes inanimés sont déjà descendus dans cette tombe, n’était