Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/620

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quotidien et la sueur de leur front, arrivaient à l’aisance la plus modeste ; ils les appelèrent des cumulards. Bientôt on vit les zoïles à la suite, les envieux de toute espèce, faire imprimer les noms les plus honorables avec l’épithète de cumulards, dans des dictionnaires offerts à la curiosité des passants, par les librairies les plus mal famées.

Il était important d’éclairer les députés qui n’avaient pas eu le temps d’étudier la question sous toutes ses faces, afin d’arrêter un débordement dont on eût trouvé l’origine dans des haines personnelles et dans les plus honteuses passions : je me chargeai de ce soin, et peu touché du reproche qu’eussent pu m’adresser ceux de qui j’étais peu connu, d’agir dans un intérêt privé plutôt que dans celui de la science, je me rendis successivement chez les orateurs les plus éminents de la Chambre ; j’eus le bonheur entre autres, d’intéresser à cette cause Benjamin Constant, qui me promit de stigmatiser comme il savait le faire ce projet d’irruption de la barbarie dans le domaine de l’intelligence. Loin de reculer devant les attaques dirigées contre les cumulards, j’écrivis alors un petit article que j’avais l’intention de lire dans une de nos séances publiques et dans lequel j’essayai de prouver que, par un retour vers une institution qui date de Colbert, l’État devait accorder des pensions aux hommes supérieurs sans leur imposer aucune fonction.

Je reproduis cet écrit, dont des circonstances particulières, indépendantes de ma volonté, ont retardé la publication, comme une sorte de conclusion de mes études biographiques.

Les mauvais penchants, comme les plantes nuisibles,