Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 3.djvu/92

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J’ai parlé précédemment des inventions à l’aide desquelles Augustin Fresnel (1804) porta à un si haut degré de perfection l’appareil optique de nos phares. Ajoutons que les édifices sur lesquels ces appareils reposent sont généralement des modèles que l’on peut recommander aux architectes de tous les pays pour la solidité et l’élégance. Je citerai entre autres ici le phare de Barfleur, œuvre de M. Morice Larue (1819). Ce monument, exécuté tout en granit, est, je crois, le plus haut qu’on ait jamais construit : il n’a pas moins de 66 mètres de hauteur sous la corniche.

Les Anglais ont publié avec un juste orgueil, dans les Transactions philosophiques, le Mémoire dans lequel le célèbre ingénieur Smeaton rend compte des difficultés qu’il eut à vaincre dans la construction du phare d’Eddystone. Espérons que l’administration des ponts et chaussées sentira le besoin d’initier le public aux difficultés non moins sérieuses qu’a eu à surmonter l’ingénieur Reynaud, de la promotion de 1821, auquel on doit les magnifiques phares de la Hougue, et surtout celui de Haut-de-Bréhat. Les témoignages de la gratitude nationale sont pour les hommes d’honneur la première des récompenses.

Jadis les constructeurs de grands ponts, lorsque leur œuvre était achevée, devenaient l’objet de l’admiration universelle. Maintenant, passant d’un extrême à l’autre, le public ne leur accorde pas l’estime et la considération à laquelle ils ont droit. En examinant les circonstances particulières relatives à l’achèvement de ces constructions d’utilité publique, on en trouvera plusieurs qui ont dû