Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/166

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

3o Un thermomètre placé sur la paille, entre les terrines, ne descend pas à zéro à l’instant où la glace se forme ce qui prouve que les parois extérieures de ces vases ne sont jamais très-froides et qu’elles n’agissent pas à la manière des alcarazas ou cruches poreuses et refroidissantes de l’Orient : conséquence qu’on pouvait au reste prévoir, puisque les parois intérieures des terrines sont graissées.

4o En admettant que l’évaporation fût la cause de la première lame de glace dont l’eau se recouvre, il faudrait toujours chercher comment l’épaisseur s’augmente graduellement pendant la nuit, lorsque toute évaporation est supprimée.

5o Enfin, depuis qu’il est reconnu que ce phénomène de congélation nocturne n’est pas particulier à l’Inde, le Dr Wells a prouvé qu’à Londres, et ceci tranche toute difficulté, l’eau se congèle quelquefois à une température supérieure à zéro, sans rien perdre de son poids, ce qui devrait avoir lieu cependant si l’évaporation avait quelque part au phénomène.

Il paraîtrait, d’après le passage suivant de Pline l’ancien que les Romains connaissaient déjà les moyens de transformer l’eau en glace : « Il y a aussi des eaux privilégiées et l’argent a su mettre des distinctions même entre les éléments de la nature. Les uns boivent de la neige et les autres de la glace. Le fléau des montagnes est devenu une jouissance pour la sensualité. On conserve la glace pour les feux de l’été. On a le secret de faire durcir la neige dans les mois les plus brûlants. D’autres font bouillir l’eau pour la transformer en glace un moment