Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences, tome 8.djvu/242

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une véritable dérision, si dans ce temps-là la vigne n’avait pas fructifié de l’autre côté de la Manche.

De vieilles chroniques nous apprennent d’ailleurs qu’à une certaine époque la vigne était cultivée en plein champ dans une grande partie de l’Angleterre et qu’on y récoltait du vin. Maintenant les soins les plus assidus, une exposition méridionale et complètement abritée des vents froids, un espalier, suffisent à peine pour amener quelques petites grappes à une entière maturité.

Voilà, ce me semble, de quoi convaincre les plus incrédules qu’avec la suite des temps, les étés ont perdu, en France et en Angleterre, une partie notable de leur chaleur. Il nous reste maintenant à chercher la cause de cet inquiétant phénomène.

Cette cause n’est pas évidemment dans le Soleil la constance de température de la Palestine est là pour le prouver. Quelques physiciens croient la trouver dans une extension inusitée des glaces du pôle arctique ; dans un mouvement général qui, après avoir entraîné ces glaces de plusieurs degrés vers le sud, les aurait soudées à la côte du Groenland.

Il est certain que la côte orientale du Groenland (Green-land, contrée verte) était libre de glaces lorsqu’elle fut découverte vers la fin du xe siècle, par un navigateur islandais ; que des Norvégiens s’y établirent ; qu’en 1120 la colonie était nombreuse, florissante qu’elle faisait un commerce considérable avec la Norvège et l’Islande. On sait aussi qu’en 1408, lorsque l’évoque Andrew (c’était le dix-septième depuis la colonisation) allait prendre possession de son siège, il trouva la côte