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SUR L’ÉTAT THERMOMÉTRIQUE

  la saison d’été. (Chroniques du moine de Saint-Gall, de Saint-Maixent et d’Angers.).
1033. Les désastres météorologiques de cette année méritent une mention particulière. Voici un extrait abrégé de la traduction donnée par M. Guizot d’un monument contemporain, Glabri Rudolfi historiæ : « La température se montra si contraire dans les Gaules qu’on ne put trouver aucun temps pour les semailles, nul moment favorable à la moisson, surtout par suite de la quantité d’eau dont les champs étaient inondés. La terre fut tellement pénétrée par des pluies continuelles que, durant trois ans, on ne trouva pas un sillon bon à ensemencer. Au temps de la récolte les herbes parasites et l’ivraie couvraient la campagne. Le boisseau de grains semés ne rendait dans les terres où il avait le mieux profité, qu’un sixième de la mesure à la moisson, et ce sixième en rapportait à peine une poignée. Ce fléau avait commencé en Orient ; après avoir ravagé la Grèce, il passa en Italie, se répandit dans les Gaules et n’épargna pas l’Angleterre. On fut réduit à manger des herbes, des animaux, des cadavres même. Les hommes se tuèrent pour se dévorer. Quelques-uns présentaient à des enfants des œufs ou une pomme pour les attirer à l’écart et ils les immolaient à leur faim. Ce délire, cette rage s’accrut tellement que les animaux étaient plus sûrs d’échapper à la mort que les hommes, car il semblait que ce fut un usage consacré de se nourrir de chair humaine, bien que ce crime fût puni du bûcher. Lorsque des malheureux depuis longtemps consumés par la faim trouvaient à la satisfaire, ils enflaient aussitôt et mouraient ; d’autres tenaient à la main la nourriture qu’ils voulaient approcher de leurs lèvres, mais ce dernier effort leur coûtait la vie et ils mouraient avant d’avoir pu jouir de ce triste plaisir. On croyait généralement l’ordre des saisons et des éléments anéanti. » (Raoul Glaber, Mémoires pour servir à l’histoire de France, par M. Guizot, t. VI, p. 306.)
1044. Cette année fut mémorable par l’extrême abondance des pluies et la disette extraordinaire des fruits de la terre. (Glabri Rudolfi historiæ.)
1135. Cette année, pendant la semaine de la Pentecôte (vers le 20 mai) il tomba dans quelques contrées boisées une neige épaisse ; les jours suivants on ressentit un froid très-vif ; la gelée endommagea les récoltes de tout genre, notamment