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DU GLOBE TERRESTRE.

 
1816. L’été de 1816 est le plus froid de la première moitié du XIXe siècle. Sa température moyenne à Paris n’est que de 15°.3, c’est-à-dire de 3° au-dessous de la moyenne estivale de ce lieu. On ne compte que 6 jours de chaleur forte, 28 de moins qu’en moyenne. Le maximum de chaleur, le 20 juillet, n’a pas dépassé 28°.0. Voici comment les températures moyennes de la période d’activité végétale se sont réparties à Paris dans cette année calamiteuse :
   Moyennes
de 1822.
 Moyennes
générales.
Avril
9°.9 9°.81
Mai
12°.7 14°.53
Juin
14°.8 17°.34
Juillet
15°.6 19°.04
Août
15°.5 18°.45
Septembre
14°.0 15°.47
Octobre
11°.6 10°.97

En Bourgogne la vendange ne commença que le 15 octobre ; c’est l’époque la plus tardive depuis 1809 ; la récolte fut extrêmement faible et de qualité mauvaise. Les pluies furent dans cette région à peu près continues depuis le mois de mai jusqu’en décembre. Le produit des céréales fut généralement insuffisant, le prix moyen de l’hectolitre de blé s’éleva à 35 fr., et la misère publique née des circonstances politiques fut gravement accrue par les influences météorologiques. Voici comment s’exprime le docteur Clos sur la marche de cette saison funeste dans le pays toulousain  : « Le printemps et l’été ont été froids, humides, pluvieux ; les mois de septembre et octobre furent seuls secs et un peu chauds. L’année fut éminemment froide et humide et la plus remarquable de toutes, sinon par l’abondance des pluies, du moins par leur continuité ; remarquable encore en ce que, tandis qu’en France, en Suisse, en Allemagne, la saison a été constamment pluvieuse, elle était très-belle en Danemark, en Suède, en Russie. Pour compléter le tableau d’une si grande anomalie, on peut ajouter que dans le bas Languedoc la sécheresse fut cause de la perte des récoltes. À Sorèze la moisson se fit tard ; la plupart des blés étaient couchés par la pluie ; le maïs avait été semé très-tard et avec beaucoup de peine ; aussi on en récolta très-peu. Il n’y eut pas de raisin, pas de fruits  : les fourrages seuls abondèrent, mais il y en eut beaucoup de gâtés. En juillet le maïs se vendait