Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/488

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pose des transports subits de matière, ni dans le sens de la longueur de la queue, ni dans une direction transversale : de brusques variations d’intensité satisferaient à tous les détails des observations ; en bien, en le réduisant même à ces termes, le phénomène, d’après l’opinion à peu près générale des astronomes, n’a rien de réel ; les changements presque instantanés remarqués par Kepler, par Snellius, par Hévélius, par Pingré, ne seraient que la conséquence de l’interposition de quelques vapeurs atmosphériques entre l’astre et l’œil de l’observateur.

Pour ma part, j’avoue que, sur ce point de théorie, j’étais jadis disposé à me ranger à l’opinion commune ; mais les phénomènes dont la comète de Halley nous a rendus témoins pendant sa dernière apparition en 1835, me commanderaient aujourd’hui plus de circonspection. Pour parler net, enfin, je ne regarde plus comme impossible qu’il se manifeste dans le noyau d’une comète, dans la totalité ou dans quelque partie de sa chevelure et de sa queue, des changements d’intensité presque subits. Sans rappeler ces apparitions et ces disparitions successives de secteurs lumineux dont j’ai rendu compte précédemment (chap. xxiii, p. 388), je dirai à l’appui de mes doutes actuels que, le 18 novembre 1835, le ciel étant de la plus grande pureté, la longueur de la queue de la comète ne semblait plus guère que la moitié de ce qu’on l’avait trouvée le 16, par des circonstances atmosphériques moins favorables ; et que dans son ensemble, l’astre, comparé aussi à ce qu’il était l’avant-veille, avait éprouvé un affaiblissement extrême. Dans l’intervalle, cependant, la comète s’était rapprochée du Soleil ; ainsi,