Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 2.djvu/501

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Les rapides changements de forme que les taches solaires obscures et lumineuses éprouvent incessamment ; les espaces immenses que ces changements embrassent dans des temps très-courts, avaient déjà conduit à supposer, depuis quelques années, avec beaucoup de vraisemblance, que de pareils phénomènes devaient se passer dans un milieu gazeux. Aujourd’hui des expériences d’une tout autre nature, des expériences de polarisation lumineuse faites à l’Observatoire de Paris, établissent ce résultat d’une manière incontestable (liv. xiv, ch. vi, p. 104). Mais si la partie extérieure et incandescente du Soleil est un gaz, n’est-il pas évident que le système de Buffon pèche par sa base essentielle, qu’il n’est plus soutenable ?

On pourrait, il est vrai, alléguer que le corps obscur auquel cette atmosphère lumineuse sert d’enveloppe ; que le corps central qu’elle laisse à découvert dans une petite étendue quand ses parties se désunissent, est liquide ; mais ce serait là une hypothèse entièrement gratuite, on ne saurait l’appuyer sur aucune observation exacte.

Malgré ces puissantes objections, si, pour expliquer l’étonnante coïncidence de tous les mouvements de translation et de rotation des planètes de notre système, on n’avait encore su donner d’autre théorie que celle de Buffon, il serait sage de suspendre son jugement ; mais nous n’en sommes plus là, et les hypothèses si ingénieuses de Laplace, quels que soient les doutes qu’elles doivent encore exciter, montrent du moins que le grand problème cosmogonique dont il s’agit ici peut être rattaché à des causes totalement distinctes de celles que le Pline français avait mises en action.