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XXVI

NOUVELLE-HOLLANDE

M. Field. — Description de Sidney. — Fêtes européennes. — Marchais Petit et moi dans les forêts. — Combat de sauvages.

J’ai visité des pays entièrement sauvages ; j’ai vu aussi des îles où la civilisation, tour à tour dominatrice et vaincue, offrait un bizarre contraste à l’admiration et la laissait dans le doute sur l’issue de la querelle que le temps ne faisait qu’envenimer.

Il n’en est pas de même ici ; le sauvage se coudoie tous les jours avec l’homme des cités, et chacun reste libre de ses actions comme de ses pensées.

Est-ce un bienfait pour les uns et pour les autres ? Je ne le crois pas ; et si jamais la violence des missionnaires a dû être pardonnée, c’est alors surtout qu’il s’agit d’arracher à toutes les misères, à tous les abrutissements, des malheureux, des hommes farouches à qui les barreaux d’une prison vaudraient mille fois mieux que l’indépendance au sein des bois et des montagnes.

Je dis encore que, dût-on employer la rigueur des châtiments, il serait sage, il serait moral de fermer l’entrée de Sidney à ceux de ces naturels qui s’y présenteraient sans vêtements, car c’est un spectacle vrai-