Page:Arbois de Jubainville - Cours de littérature celtique, tome 1.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
118
LIVRE II. − LES DRUIDES.

Sans doute il existe en grec un mot δρῦς, « chêne, » très proche parent du sanscrit drus, « bois, arbre, » et du gothique triu, « arbre, » en anglais tree. Mais le mot δρῦς, « chêne, » est étranger aux langues celtiques.

Le mot gaulois qui signifiait « chêne » était certainement dervos ou dervon ; nous en connaissons plusieurs dérivés employés comme noms propres dans des monuments de l’époque romaine. Ainsi, dans une inscription de Brescia, se rencontre une dédicace aux fées des chênes, fatis dervonibus [1]. Les mêmes fées s’offrent à nous dans une inscription de Milan, dédiée Matronis Dervonnis [2]. Le nom propre de femme Dervonia apparaît dans une inscription de la Pannonie inférieure [3], c’est-à-dire de la Hongrie occidentale. L’itinéraire d’Antonin nous montre, en Grande-Bretagne, une station du nom de Derventione[4].

En donnant au simple dervos ou dervon un féminin, on en a fait le nom de femme Derva, porté par la femme de Quartio, fils de Miletumarus, dans une inscription de la Pannonie inférieure [5]. Ce nom de femme se retrouve dans une inscription romaine de la Styrie moderne qui a fait partie du Norique. des

  1. Corpus inscriptionum latinarum, t. V, no  4208.
  2. Ibid. t. V, no  5791.
  3. Ibid., t. III, no  3659.
  4. Itinerarium Antonini, édition Parthey-Pinder. 466, 2. Cf. ’’Notitia dignitatum, édition B~king, t. II, p.113. 879.
  5. Corpus inscriptionum latinarum, C. III, no  3105.