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On ne peut déterminer la date exacte à laquelle remonte l’introduction des études classiques latines en Irlande. Elles n’y apparaissent qu’associées au christianisme. L’année 432 semble être celle où commença l’apostolat de saint Patrice[1] ; mais saint Patrice n’est pas le fondateur de l’Eglise d’Irlande. L’année précédente, le pape Célestin Ier avait envoyé en Irlande l’évêque Palladius, qui y bâtit, dit-on, trois églises, et la chronique de Prosper d’Aquitaine, parlant de cette mission à cette date, dit que l’objet de l’apostolat de Palladius était « les Scots, » c’est-à-dire les Irlandais, « croyant dans le Christ[2]. » Prosper était contemporain du pape Célestin Ier et de l’évêque Palladius ; il termina sa chronique en 455. Son témoignage établit qu’en l’année qui précéda l’apostolat de saint Patrice, en 431, il y avait déjà des chrétiens en Irlande.

Antérieurement, saint Jérôme, qui, comme l’on sait, mourut en 420, se plaint des attaques dirigées contre un de ses livres par un Scot, c’est-à-dire un Irlandais, disciple de l’hérésiarque Pélage. Le livre ainsi critiqué était un commentaire de l’épître de saint Paul aux Éphésiens, et ce commentaire a paru

  1. Chronicum Scotorum, édition Hennessy, p. 20–21. Annals of the kingdom of Ireland by the Four Masters, édit. O’Donovan, 1851, t. I, p. 130–131. Annales inisfalenses chez O’Conor, Rerum hibernicarum scriptores, t. II, p. 94, 95.
  2. « Ad Scotos in Christum credentes ordinatur a papa Cælestino Palladius et primus episcopus mittitur. » Migne, Patrologia latina, t. 51, col. 595.