Aller au contenu

Page:Arbouville - Poésies et Nouvelles, III, 1855.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
392
RÉSIGNATION.

« On ne m’a donné que de bien rares caresses. Mes parents m’aimaient cependant, mais ils ne m’ont jamais dit ce qu’ils sentaient ; j’ai jugé leur cœur d’après le mien, je les ai aimés, et j’en ai conclu qu’ils m’aimaient aussi. Cependant ma vie n’a pas toujours été aussi triste qu’elle l’est en ce moment, j’avais une sœur… »

Les yeux d’Ursule se mouillèrent de larmes, mais ces larmes ne coulèrent pas : elles avaient l’habitude de rester cachées dans le fond du cœur de la pauvre fille. Elle reprit :

« J’avais une sœur aînée ; elle était un peu silencieuse, comme ma mère, mais elle était compatissante, douce, affectueuse pour moi. Nous nous sommes bien aimées !… Nous nous partagions les soins à rendre à nos parents. Jamais nous n’avons eu la joie de nous promener ensemble, là-bas, dans les bois, sur le haut de la colline : l’une de nous restait toujours à la maison pour soigner notre vieux père ; mais celle qui était sortie rapportait quelques branches d’aubépine, cueillies sur les haies, et parlait à sa sœur du soleil, dos arbres, de l’air : l’autre croyait