Page:Archives israelites 13.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

isutrrn. U1 dsverdure où il reçoit la visite de ses amis, et rinnnt tou, pars. C’ét:•.it l’autre jour, par une belle soirée d’été, à la fin d’u¤e belle journée , j’allais à mon tour trouver notre poète. Pétain parti pour lni porter quelques paroles de consolations et d’en- eouragement, et pour Pengager à la patience; je le trouvai au fond de son jardinet, sa blague à tabac suspendue à la boutonnière, coilïé d‘une casquette d’étudiant allemand , un livre devant lui, humant son café et fumant sa pipe, absolument comme faisait Gœthe assis sous le tilleul planté devant la petite église de son village; quand nous eùmes échangé quelques paroles d`amitié, Wihl me propose une promenade dans le bois de Boulogne, son voisin, comme il l’appel|e; j’acceptai avec empressement. La soirée était délicieuse. Nous nous arrêtâmes sur une pelouse de gazon tontïu, à un endroit où le couchant venait darder ses rayons rougeâtres au travers les arbres. Le tableau était ravis- Sant : devant nous, un magnifique coucher de soleil, derrière nous, Paris avec ses mille toits et ses mille tours, calme et tran- quille ; la nuit approchait peu à peu; quand nous eùmes un peu causé de tout. — Eh bien! mon cher Wihl, lui dis·je, voyons, ` parlons un peu de vous; asseyons·nous sur ce gazon; que comp- tez—vous faire? quels sont vos projets? Pensez—vous obtenir de rentrer en Allemagne? ou avez-vous en vue quelque position à Paris 7 Répondez-moi donc? — Mais voyez donc le beau coucher de soleil; la belle flamme rougeâtre qui tremblotte là derrière ce taillis ; voyez donc cette colonne de fumée bleue qui s‘échappe là-bas de cette maison isolée! Oh! l’odeur délicieuse de mousse et de licben qui vous pénètre! écoutez cet oiseau qui chante, perché là près de nous sur cet arbre. 0h ! le superbe attelage qui passe là-bas et se perd dans les clairières! Tenez, voyez donc, montée sur sa cavale noire, suivie de son lévrier, cette amazone, avec sa taille gracieuse, son beau castor noir, son voile vert et ses longs cheveux qui tlottent au vent! Tenez, la voilà qui vole, belle comme une étoile, rapide comme la foudre! Mais voyez donc! mais regardez donc l Et voilà notre poete parti sur les ailes de son imagination, planant dans les régions de l'idéal et m’entraînant avec lui dans sa course aérienne, si bien que j‘avais oublié moi- ` même le sujet de ma visite; et allez donc maintenant lui parler tleprojets d’avenir et de choses de ce monde! Que lui fait, au poète, ce grain de sable qu’on appelle le monde, et dont il ne se soucie guère T 0 Schillerl vous aviez raison de dire, qu’enfant déshérité des _ biens d'ici-bas, le poëte a pour domaine la pensée, pour patrie le ciel, pour ami le maitre de l’0lympe qui, en tout temps et à toute heure, Paocueille et lui permet de vivre avec lui. ' Digitized ny Google