Page:Archives israelites 13.djvu/378

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572 ncmvss _ tions suaves ou terribles aux litanies du prêtre, dont les accents perdaient, sous les voûtes sonores, leur timbre terrestre, et se ' répercutaient dans un écho lointain, incessant et lugubre... · Je ne sais commentcela se fit : à ce spectacle étrange et nou- veau pour moi, un frissonnement indicible envahittout mon étre; une prostration complète s’empara de mes sens éblouis; mes jambes Iléchirent, et, sans avoir la conscience de mon action, je me trouvai à genoux comme mes camarades... Eux, pour prier; moi,par un entraînement irrésistible, par l'empire dela grandeur et de la magnificence de ces lieux, où tout est réuni pour agi? fortement sûr des facultés jeunes ou timorées. Une autre seule fois dans ma vie, j‘ai aussi ressenti une même émotion; pareille dans ses causes, mais bien différente dans ses conséquences. Ce fut après une longue route, à pied, dans un pays agreste et montagneux. Je voulus une reposer un instant sur un tertre élevé qui dominait un splendide paysage. Je me le rappelle comme si c`était un souvenir d`hier ; c`était à l'heure où le soleil descend rapidement vers l’horizon , qui s`il|umine alors d’une teinte in- candescente et se colore de tons indéfinissables. 'Le crépuscule montait de l‘orit·nt vers —l’occident; des bruissements indicibles et pleins de mélancoliques sensations remplissaient l'air, calme et chaud comme l`atmosphère du Pausilippe. Des hauteurs où j`étais assis , l’œil enveloppait des solitudes immenses, des plai- p nes sans fin, dont les limites verdoyantes semblaient s`unir avec l le ciel embrâsé. Un mirage chatoyant servait de cadre à ce ravis- l sant et pittoresque tableau; j`étais comme suspendu dans l’es- pace: à mes pieds, la nature, sur ma tète, les régions éthérées... Nul vestige humain ne venait briser la sauvage poésie de ces lieux déserts! Comme dans I‘église, je perdis le sentiment de ma situation. Mes idées passèrent instantanément des langes étroits de l'huma- nité au travail incommensurable qui se déroulait si grandiose- l ment à mes yeux. En face de cette majesté sublime, j’éprouvai par moi~même cet instinct peureux qui naît au cœur de l‘homme en présence d'une grandeur qui le rend si petit. Sa fierté native - s’eEace et s'1tumilie: il est subjugué, vaincu, par la défaite de sa Digiiized by Google