Page:Archives israelites 13.djvu/635

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isnturns. ` 629 était éclairée autant par les bougies fixées aux murs que par une série de lampes à sept becs suspendues au-dessus d’une table longue et mince que couvrait une nappe d‘une blancheur éclatante et traversée de larges raies rouges. . Un chuchottement confus et agréablement bruyant que nous surprîmes à quelques pas de la maison, nous annonçait une réu- nion nombreuse et bien disposée. A On faisait salon dans la salle à manger méme; et on n’atten- dait plus que la fiancée et sa famille qui ne tardèrent pas d’arri- ver. Ce retard était dû, à ce que l’on me dit, et je le compris, ài la peine éprouvée par la pauvre mère à se séparer, même pour quelques heures de son cher malade , qui avait eu dans la journée une crise alarmante. Contrairement aux habitudes de la ville, les dames furent pla- cées d'un côté, les messieurs d'un autre; pour moi j‘eus une place d'honneur; j’avais ponr voisin de droite le vénérable rabbin de T .... , pour voisin de gauche, le bonhomme Jekel, le frère de mon ami Salomon et l’oncle du fiancé pqui, vous vous le rappelez peut-être encore, m’avait, huit jours auparavant déjà, assigné un rendez~vous solennel et ne prétendait me ré- server son estime entière qu’après m’avoir vu à l’œuvre, c’est- à-dire qu’après m'avoir éprouvé sous le feu des rasades. Le repas fut servi avecl’o1·dre et le confort quidistinguait la mai- son , et les plats originaux de l’antique cuisine juive-alsacienne ne manquèrent pas: potages àl’orge mondée relevés d’une forte dose de jus de citron, carpes à la sauce douce, carpes à la sauce pi- quante, choucroute chargée, langues fumées, canards et oies far- cies, tourtes dites tourtes à la viande, charlottes gonflées de pommes et de raisins de Corinthe, montagnes de riz saupoudrées de cannelle,que de cris d’admiration n’arrachâtes-vous pas à l‘as- sistance joyeuse et satisfaite! p Quand ces divers services furent enlevés—et il s’écoula du temps -la porte s’ouvrit tout à coup et donna passage à un ren- fort de convives des deux sexes; cette apparition de troupes frai- ches'au beau milieu du dîner, eût pu étonner quiconque n'eût pas été au courant des us et coutumes du pays,`mais pour moi, · cela n'avait rien de surprenant; dans nos villages, lorsqu’une Digitized ny Google