Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/12

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Le temps me pressait, car je voulais, en deux jours, descendre la vallée et visiter les usines. Il n’y a que dix-huit kilomètres entre le lac et la plaine de l’Isère, mais, à chaque instant, des manufactures doivent m’arrêter. Le torrent sorti du lac est, sans doute, étant donné le peu de longueur de son cours, la plus travailleuse des rivières de France ; sans compter les moulins, il fait mouvoir 34 grands établissements occupant près de 6,000 ouvriers.

Depuis qu’on a asservi les cours d’eau pour les astreindre à faire mouvoir les roues, la Fure a été utilisée. Sa chute totale n’est pas moindre de 200 mètres, c’est dire quelle force elle mettait à la disposition de l’industrie ; mais si, en hiver, il y avait de l’eau en surabondance, l’été, au contraire, la Fure était parfois réduite à un filet. En 1852 et 1853, on vit les 500 hectares de superficie du lac verser dans la Fure 10,000 litres à la seconde, tandis que, les étés suivants, cette quantité descendait à 300 litres ; même, en 1865, le débit fut de 50 litres seulement à la seconde. Pour mettre fin à cette situation, les usiniers de la Fure formèrent un syndicat en vue de réglementer la sortie des eaux du lac et faire de Paladru un réservoir régulier.

M. Gentil, ingénieur en chef de l’Isère, et