Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/135

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mées de bouquets de bois ; les dentelures de la rive, de petits promontoires de rochers, les bois d’essences diverses, les barques qui le sillonnent eu font un des plus beaux tableaux de ces montagnes, rendu grandiose par l’apparition hautaine du Taillefer et de l’Obiou.

Au delà d’une colline boisée, une autre nappe beaucoup plus petite, mais charmante aussi, le lac Mort, est étalée dans une dépression profonde ; les eaux du lac de Laffrey, abondantes et limpides, s’écoulent par un seuil de rochers, traversent un instant le village et, se frayant un chemin dans un immense ravin rempli de châtaigners énormes, descend de cascade en cascade jusqu’à la Romanche. Le ravin n’a pas 4 kilomètres de développement et le torrent a une chute de plus de six cents mètres. Cette gorge est peu connue encore, elle est cependant supérieure à bien des sites vantés ; les eaux frémissantes bondissent de rocher en rocher, fuient en écume sur de petits plateaux couverts de châtaigners, et aboutissent à la Romanche, en face du faubourg vizillois du Péage. Les châtaignes de ce coin de montagnes passent pour les plus gros et les plus savoureux des marrons de Lyon.

C’est à Laffrey que Napoléon, revenant de l’île d’Elbe, rencontra les premières troupes opposées à