Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/148

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balnéaire ; je me souviens d’une voiture d’hôtel dont l’inscription faisait nos délices ; elle portail, au-dessous du nom de l’hôtelier, ces mots : « à Veau navet » ; c’était fort culinaire, si c’était mal orthographié. L’autre village, Vaulnaveys-le-Bas, est en réalité situé six cents mètres au-dessus de l’autre, du Haut, à près de mille mètres d’altitude, non loin de la forêt de Prémol, une des plus belles des Alpes, qui couvre le flanc de Chamrousse, superbe montagne surmontée d’une croix, d’où la vue est merveilleuse et que sillonnent de profonds ravins où dorment des laguets.

Entre les prés et les coteaux couverts de belles maisons blanches, auberges ou villas, court la route, suivie sur les accotements par le chemin de fer ; on atteint bientôt l’établissement d’Uriage. Au premier plan, un château féodal commande la vallée ; au-dessous s’étend un beau parc, de vastes bâtiments d’une ordonnance sobre et élégante à la fois : c’est Uriage, un des établissements de bains les plus justement réputés de notre pays, malgré l’origine assez récente de sa célébrité. Les Romains, ces grands baigneurs, les connaissaient, mais, comme presque partout, les invasions des Barbares avaient détruit les thermes luxueux où les riches Gallo-Romains de Cularo ou Gratianopolis, devenue Grenoble, venaient se dé-