Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/286

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par un autre sentier, tracé sur le thym et la lavande, qui, froissés sous le pied, laissent échapper leurs parfums puissants et subtils à la fois ; en peu d’instants me voici de nouveau par les rues fraîches de Rochemaure et, de là, au pont suspendu, aux porches crénelés ; d’un moyen âge de fantaisie, mais s’harmonisant avec le caractère féodal de la ville et de sa triple rangée de ruines s’étageant jusqu’à la crête de la colline.

Le pont débouche sur la rive gauche, près d’Ancône, bien petit village pour un tel nom, et après avoir traversé une plaine basse, ancienne île où les sillons sont tout fleuris de glaïeuls d’un beau rouge, on atteint les campagnes de Montélimar. Abondamment arrosée par les canaux d’irrigation, la plaine est superbe de richesse ; parmi les blés, les luzernes et les vignes, en de petits enclos bordés de cyprès dénonçant la crainte du mistral, de beaux jardins remplis de roses, plantés de mûriers et de primeurs, bordent la route.

Mais déjà le fléau du Midi a fait son apparition ; le macadam se délite en une poussière blanche qui recouvre les arbustes voisins de la route. À la solitude des champs succèdent les villas, on traverse le chemin de fer, nous sommes à Montélimar.

Elle se présente admirablement, la jolie ville ;