Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/316

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haut, mais, en somme, pas très loin, à en juger par la netteté des détails, malgré le crépuscule. D’un coup d’œil sur la carte, je compte quatre kilomètres, en voilà pour une heure et demie.

— Une heure et demie ! riposte le cocher. Nous serons bien heureux d’arriver dans trois heures.

Je regarde de plus près ma carte et, cette fois, je distingue le ruban blanc des innombrables lacets de la route. Douze kilomètres nous restent à faire avant d’atteindre le tunnel.

La route gravit maintenant la rive droite de la Comane et monte, par de fortes rampes, au flanc d’un contrefort du But-de-l’Aiglette, haut de 1,005 mètres, qui ferme un des côtés de l’entonnoir, face au But-Sapiau, haut de 1,620 mètres. Dominant le ravin profond de la Comane, on s’élève, en trois kilomètres, de près de 300 mètres seulement. Désormais, il faut développer les neuf lacets de plus en plus longs qui permettront d’accéder au sommet. L’ombre se fait épaisse ; on est au fond de l’abîme, les pentes, d’un noir d’encre, ne se devinent qu’aux buées pâles s’élevant au-dessus des sources et prenant une apparence phosphorescente. Là haut, bien haut, comme à la margelle d’un vaste puits, apparaît le ciel tout constellé d’étoiles dont l’éclat est d’une vivacité extrême.