Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/59

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« Par malheur, il n’y a pas de hautes montagnes auprès de Paris : si le ciel eût donné à ce pays un lac et une montagne passables, la littérature française serait bien autrement pittoresque. Dans les beaux temps de cette littérature, c’est à peine si La Bruyère, qui a parlé de toutes choses, ose dire un mot, en passant, de l’impression profonde qu’une vue comme celle de Pau ou de Cras, en Dauphiné, laisse dans certaines âmes. »

Dans quel passage La Bruyère a-t-il parlé de Cras, je l’ignore et n’ai guère chance de m’en assurer ici, mais La Bruyère avait bien choisi son exemple. Peu de vues sont plus belles que celle découverte non de l’humble hameau, mais des hauteurs traversées par la route, splendide belvédère, d’où l’on découvre toute la chaîne du Vercors, depuis le bec de l’Échaillon jusqu’aux plaines de Valence, les montagnes de Voiron, les hautes collines boisées qui portent la forêt de Chambarand, la plaine de l’Isère, large, verte, opulente, et les collines couvertes de vignes, de mûriers, de châtaigniers et de noyers. C’est une des parties de notre pays qui ont le plus frappé nos aïeux par leur richesse et leur aspect de bien-être.

Cet observatoire des collines de Cras se dresse à plus de 200 mètres au-dessus de la plaine de l’Isère, fort large ici ; brusquement, un rameau