Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/65

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

incontestablement à Claude Brun ; il a des trouvailles étonnantes, il est plus impérialiste que l’empereur, plus chartiste que la Charte et, vers 1830, plus pompier, plus philistin que cela n’est légitimement permis.

Paul Guillemin a écrit dans les Alpes illustrées, en 1892, un bleu amusant article qui m’a permis de suivre de près l’histoire de la distillerie à Voiron. En 1807, Claude Brun arrive avec le Nectar des chevaliers de la Légion d’honneur ; il se borne alors à une croix gravée, mais lorsqu’il offre aux buveurs la première absinthe, en 1810, il donne libre carrière à son imagination. Sur un nuage, une déesse, Flore sans doute, an costume léger du temps, contemple deux guerriers, un officier d’infanterie et un officier de hussards, ce dernier verse à l’autre, ravi, le Balsamum absinthii triplicis (salubris hygieia), Breuvage prophylactique, parégorique et talismanique. L’absinthe d’alors n’avait pas les qualités prétendues de celle d’aujourd’hui ; ce n’était pas un apéritif, au contraire, elle avait, selon Claude Brun, les qualités de l’élixir de Chartreuse. Un rébus affirmait qu’elle était inimitable.

L’Élixir des Braves vint ensuite ; il rappelle encore les temps héroïques. Avec la Valeureuse, nous avons la légende de Cambronne : le général,