Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/76

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La route passe devant la Courrerie, antique annexe de couvent, que les Chartreux accroissent pour y abriter leurs malades ; sous les sapins, elle gagne le beau bassin où le Guiers-Mort reçoit le torrent des Corbeilles, en vue de la riante et calme vallée où Saint-Pierre-de-Chartreuse sème ses maisons, les hôtels et les villas d’une naissante station. C’est un des jolis coins du Dauphiné, cette grande conque de verdure douce ou sombre, dont les bords sont formés par d’immenses rochers aux formes hardies. Le peu d’étendue des champs et des prés contraste avec la densité des populations assemblées dans ces verdoyantes vallées. C’est que l’industrie est venue apporter ici la prospérité. Si les hommes s’occupent de l’exploitation des hais, de la conduite des. étrangers dans la montagne et de l’élevage du bétail, les femmes travaillent pour Grenoble ; dans tous ces hameaux, même l’été, dans quelques « haberts » de la montagne, les femmes et les jeunes filles travaillent, de la pointe du jour au crépuscule, à la piqûre des gants coupés à Grenoble et qui trouvent ici une de leurs dernières préparations. Déjà même les machines, jusqu’alors confinées dans les ateliers grenoblois, ont fait leur apparition.

À Grenoble, les gants coupés sont attachés par