Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/89

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Et nombreux seront ceux-là. Grenoble s’est transformée de façon merveilleuse depuis quelques années, elle est en passe de devenir une grande ville, elle compte plus de 60,000 habitants dans son enceinte, 70,000 peut-être avec les communes qui confinent aux remparts. Les murailles démolies ont fait place à une ville nouvelle, aux larges avenues, grandiose, monumentale, respirant la prospérité ; chaque jour voit se dresser des maisons de cinq à six étages où l'on n’apercevait jadis que des terrains vagues. La vieille cité elle-même se rajeunit ; çà et là de grandes bâtisses s’élèvent ; une percée nouvelle éventre les rues étroites et tortueuses qui vont de la ville nouvelle à l’Isère, elle prolongera l’activité jusque dans la presqu’île de l'île Verte. On ne respectera guère de l’antique Grenoble que les parties vraiment curieuses ; les maisons sordides, aux puantes allées, tomberont peu à peu sous le marteau.

Mais les deux coins amusants de Grenoble, la place Grenette et le Jardin de ville, seront conservés, la première, toutefois, abandonnera peut-être de son aspect bon enfant lorsque la voie centrale l’atteindra. Elle n’y perdra rien ; ce sera toujours le cœur de la cité, le vivant carrefour bordé d’orangers en caisses, d’où partent sans cesse, jour et nuit, pour toutes les vallées voi-