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rendre en France et former leurs plaintes à l’assemblée nationale constituante.

Mais avant de se dissoudre, l’assemblée générale avait fait un appel à tous les habitans propriétaires. Ce furent ceux du Sud surtout qui se hâtèrent d’y répondre, en se confédérant avec quelques paroisses de l’Ouest, en se portant en armes jusqu’à Léogane, où ils apprirent le départ des membres de l’assemblée générale. De là, ils notifièrent au gouverneur, comte de Peinier, une sorte de protestation formulée en articles, contenant leurs conditions et leurs réserves. La modération de cet officier général, appuyée toutefois de la menace qu’il leur fit de diriger des forces contre eux, les porta à dissoudre leur armée ; mais ils maintinrent le principe de leur confédération.

En remontant aux premiers temps de la colonie, on pourrait expliquer cette facilité, cette promptitude à s’armer, à se révolter contre le gouvernement colonial, de la part des habitans de ces localités, par les précédens qui eurent lieu lors de la révolte contre la compagnie monopoleuse des Indes, et à propos de la formation des milices, sous le prince de Rohan.

Eh bien ! en observant encore le cours des événemens, ne voit-on pas naître de cette idée de confédération armée, dite de Léogane, le conseil de sûreté et d’exécution de la Grande-Anse, vraie confédération armée entre les paroisses de cette partie du Sud, organisée contre l’autorité nationale, suivant les erremens des planteurs de l’assemblée générale de Saint-Marc, et livrant la ville de Jérémie aux Anglais, en 1793[1] ?

  1. Voyez le 2e volume du Rapport de Garran, p. 517, sur la tendance du Sud à l’isolement.