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aux États généraux : en même temps, ceux de Saint-Domingue sollicitaient du gouvernement colonial la permission de s’assembler pour y nommer des députés[1]. Désappointés des deux côtés, ceux de la colonie ne persistèrent pas moins dans leur projet. Ils se réunirent en secret et nommèrent dix-huit députés pris dans leur sein : presque tous étaient nobles, comme ceux qui agissaient en France ; ils furent chargés de cahiers contenant leurs doléances, à l’instar de ce qui s’était fait dans la métropole pour les trois ordres qui devaient former les États généraux. Ces cahiers résumaient leurs prétentions aristocratiques : d’accord avec ceux qui résidaient en France, ils aspiraient à siéger dans l’ordre de la noblesse. Ils tenaient peu compte des autres blancs de la colonie.

Les députés nommés à Saint-Domingue dans ces assemblées privées parvinrent à se faire admettre à l’assemblée nationale, dans sa réunion au Jeu de paume ; c’est-à-dire qu’ils furent admis d’abord au nombre de douze, puis à six, les autres étant considérés comme suppléans, à raison de deux pour chacune des trois provinces de la colonie.

Toutefois, d’autres grands propriétaires résidans aussi en France, et qui n’avaient point concouru à ces nominations, se réunirent en une société qui tenait ses séances à l’hôtel Massiac, à Paris, d’où lui est venue ensuite la désignation de Club Massiac. Cette association, dès son origine, fut divisée de vues avec la députation admise à l’assemblée nationale.

La députation considérait la colonie comme représen-

  1. Le marquis Du Chilleau était alors gouverneur général. Il partit de la colonie en juillet 1789, et fut remplacé deux mois après par le comte de Peinier.