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sateurs et les accusés ont dévoilé bien des turpitudes qui seraient restées toujours ignorées.

J’ai consulté aussi d’autres documens, et il sera facile au lecteur de l’apercevoir. Je n’ai pas négligé les traditions orales, populaires, toutes les fois qu’elles m’ont paru offrir quelque certitude ; mais en citant celles qui n’étaient pas dans ce cas, je me suis cru obligé de les réfuter, puisqu’elles ne présentaient aucune probabilité, aucune garantie de la vérité historique. Il faut souvent se défier de cette manière de faire de l’histoire ; car les bruits du moment égarent les acteurs ou les témoins des événemens, qui les racontent ensuite comme faits positifs. Si les documens eux-mêmes sont quelquefois mensongers, combien, à plus forte raison, ne doit-on pas se prémunir contre les traditions orales ?

Ainsi je continuerai à faire, dans les livres qui suivront les deux premiers.

Je dois sans doute une explication pour la division que j’ai établie dans ces études historiques.

Il m’a semblé que l’histoire d’Haïti renferme naturellement deux grandes périodes.

Je nomme la première, la période française. N’écrivant que sur les faits révolutionnaires, je la fais commencer en 1789 pour la conduire jusqu’en novembre 1803, où l’ancienne colonie de la France a cessé de lui appartenir pour passer en notre possession.

Je nomme la seconde, la période haïtienne. Elle commence en novembre 1803 pour s’arrêter en mars 1843, par rapport à ce que je me propose d’écrire.


La période française me paraît elle-même offrir une division en six époques distinctes, à cause des grands évé-