Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/241

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inhumainement de leur pays barbare ? Ceux qui sèment les vents récoltent la tempête.

Si des crimes inouïs furent commis par les esclaves soulevés, ces crimes sont imputables — aux colons eux-mêmes dont la méchanceté envers les opprimés ne servit que trop d’exemple à ceux-ci ; — aux Européens marchands de chair humaine dont la cupidité insatiable inventa le trafic sacrilège qui a peuplé l’Amérique des enfans de l’Afrique ; — à ces colons encore, aux agens de l’autorité, tous blancs, qui excitèrent les esclaves à la révolte pour servir leurs opinions, leurs intérêts politiques contre leurs adversaires. En 1791, eux tous recueillirent le fruit de tous les forfaits commis depuis trois siècles dans la traite des noirs et dans le régime colonial, malgré les sages avertissemens des philosophes dont ils se moquaient.

Et en ce moment même où se passaient ces choses effroyables du côté des noirs, les blancs de Saint-Domingue n’en faisaient-ils pas autant de leur côté, pour maintenir leur odieux régime, en dépit de cette leçons sévère donnée à leur orgueil ? Nous dirons bientôt ce qu’ils firent dans ce but.


Avant de terminer ce chapitre, remarquons la singulière coïncidence de quelques faits relatifs à l’insurrection des noirs dans le Nord, avec d’autres faits relatifs à l’insurrection des hommes de couleur dans l’Ouest, arrivées toutes deux dans le même mois d’août 1791.

Le conseil politique du Mirebalais se constitua le 7, sous la présidence de Pinchinat. Le conseil des commandeurs d’ateliers se réunit le 14 sous la direction de Boukman.