Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/25

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avec les grands desseins de la Providence, qui ne peut vouloir que les hommes éternisent entre eux les querelles et les animosités de races ; car elle les a créés tous pour s’aimer. La loi naturelle les y oblige.

J’espère parvenir à prouver cette nécessité morale, quand j’arriverai à parler du rétablissement des relations entre la France et Haïti, après dix années de séparation. Je réussirai peut-être à démontrer que le gouvernement républicain qui dirigeait mon pays à cette époque, comprit lui-même qu’il devait au peuple qui lui avait confié ses destinées, de rétablir de bons rapports avec la nation dont ce peuple tirait son origine, pour qu’il profitât des lumières de son ancienne métropole, en obtenant de sa part le grand acte de justice qui en a fait désormais deux pays amis, liés par des intérêts qui ne peuvent que s’accroître avec le temps.

Pétion devait marcher dans la même voie qu’a suivie Washington. Car, les intérêts qui rapprochent Haïti de la France sont fondés sur ce qu’il y a de plus puissant parmi les nations : — conformité de religion, de langage, d’idées, de principes, de législation, de mœurs, d’usages, outre le goût conservé pour les produits français. Car, enfin, Haïti procède de la France, comme l’Union américaine procède de l’Angleterre. Haïti est née de la révolution de 1789. C’est de la Bastille qu’est partie cette fière Liberté qui a réveillé de la torpeur sa population qu’un joug affreux tenait dans les fers. Si ce flambeau du Génie français a embrasé Saint-Domingue, ce n’est point à la Liberté qu’on doit le reprocher : c’est au contraire au régime inique qui y existait, à l’Esclavage dont les colons voulurent toujours le maintien.

Toutefois, en retraçant les événemens de l’histoire de